Evoquer le savon noir et le savon de Marseille, c’est remonter très loin dans l’espace et le temps. Vers 2000 avant J.-C., en Syrie, dans la région d’Alep plus exactement. Fabriqué à partir d’huile d’olive et de soude végétale, ce savon dur arrivera en Europe grâce aux Croisés et sera à l’origine du savon de Marseille.
Mais l’ancêtre de nos savons prend également une autre direction et se diffuse au fil des siècles à travers le Maghreb. Parvenu jusqu’à Essaouira, au Maroc, il change de composition, il n’est plus dur mais mou et prend le nom de savon noir.
Le savon de Marseille
Contrairement à ce que son nom pourrait laisser croire, le savon de Marseille n’est pas né dans la cité phocéenne : les premières savonneries européennes ont vu le jour au XIIe siècle, en Espagne et en Italie. Ce n’est qu’au milieu du XVe siècle que le Midi et la Provence, qui disposent des matières premières du savon en abondance (huile d’olive, cendre de salicorne et sel de Camargue), deviennent les régions productrices de France.
Deux siècles plus tard, Marseille, qui est alors un carrefour commercial important au niveau international, s’impose comme lieu principal de production, au point de donner son nom au procédé de fabrication. Pour couronner son excellente réputation, préserver sa renommée et surtout éviter que de piètres copies ne soient commercialisées, le Roi Soleil, Louis XIV, l’institutionnalise en 1688 à travers « L’édit Colbert ». Le ‘véritable savon de Marseille’ était né et ses règles de fabrication sévèrement fixées : cuisson de la pâte dans de grands chaudrons, interdiction de toute graisse animale, obligation de n’utiliser que des huiles végétales pures…
Le saviez-vous ?
La recette ancestrale du savon de Marseille lui permet de contenir 72 % d’huile. Un savon de Marseille traditionnel se présente sous la forme d’un gros cube de 600 grammes, sur lequel sont gravés la mention "72 % d’huile" et le nom de la savonnerie.
Pour vérifier la bonne fabrication, les maîtres-savonniers goûtent encore le savon directement dans les chaudrons. Si la pâte pique la langue, c’est que le savon nécessite un dernier lavage à l’eau pure.
Le savon noir
Alors que le vert et dur savon de Marseille s’impose en Europe, le savon noir est LE produit phare de l’autre côté de la Méditerranée. Mais attention à ne pas confondre le savon noir pour le corps – ou savon ‘beldi’- et le savon noir réservé à l’entretien de la maison. S’ils ont tous les deux une consistance molle, ils ne sont pas fabriqués avec les mêmes ingrédients. Le premier est à base de pâte et d’huile d’olive ; le savon noir ménager est composé le plus souvent d’huile de lin et de glycérine. On le trouve sous forme de pâte ou en version liquide.
Du bon usage de ces savons
Pour tout nettoyer, sans polluer et à petit budget, il suffit de miser sur ces deux valeurs sûres de la droguerie.
Démonstration :